- roquentin
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• 1669; vieil roquart « vieillard décrépit » 1450; anglo-norm. rokerel (v. 1200); d'un rad. expressif rokk- « craquer, tousser »♦ Vx Un VIEUX ROQUENTIN : un vieillard ridicule qui veut jouer au jeune homme.⇒ROQUENTIN, subst. masc.VieuxA. — HIST. ,,Vieux militaire préposé à la garde des rocs, des lieux fortifiés`` (BACH.-DEZ. 1882).B. — Péj. Vieillard ridicule qui veut faire le jeune homme. Si je n'avais pas eu le malheur de rencontrer ce vieux roquentin, je posséderais encore Josépha (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 12). La femme, elle, s'amusait beaucoup à ces galanteries de roquentin provincial, à ce don-juanisme de hobereau (RICHEPIN, Glu, 1916, p. 152).C. — Chanteur de chansons satiriques; la chanson elle-même. (Dict. XIXe et XXe s.).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1835. LITTRÉ: roquentin ,,on écrivait la plupart du temps rocantin``; Lar. Lang. fr.: roquentin, rocantin; ROB. 1985: roquentin. Étymol. et Hist. 1. a) 1630 roquentin « jeune élégant qui fait la cour à une femme » (La promenade du Cours à Paris ds Var. hist. et litt., t. 9, p. 129); b) 1669 « vieillard ridicule qui veut faire le jeune homme » (WIDERHOLD Fr.-All.); 2. a) 1631 « chanteur de chansons satiriques » (Cabinet des chansons, p. 71); b) 1640 « chansons composées de parties de plusieurs autres chansons » (La Comédie des chansons ds Anc. Th. fr., t. 9, p. 137). Dér., sur le modèle de mots tels que ignorantin et plaisantin du part. prés. du verbe roquer, très répandu dans les parlers gallo-romans du Nord aux sens de « heurter, roter, craquer, croquer » (v. FEW t. 10, pp. 448-449), lui-même formé sur le rad. expr. rok- qui évoque un son soudainement interrompu (d'où aussi 1462 un viel usé rocquart « un vieillard décrépi et grognon », VILLON, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 734; v. en partic. le commentaire des éd.; roquet). 2 a sans doute p. allus. à ses chants heurtés. Fréq. abs. littér.:25. Bbg. NIES (F.). Textarten-Appellative... Z. rom. Philol. 1982, t. 98, pp. 327-328.
roquentin [ʀɔkɑ̃tɛ̃] n. m.ÉTYM. 1669; « chanteur de chansons satiriques », 1661; vieil roquart « vieillard usé et décrépit », 1450; anglo-normand rokerel « vieillard d'un aspect rebutant », v. 1200; d'un radical expressif rokk- « heurter, craquer, tousser… », dial. roquer « tousser ».❖♦ Péj., vx. Vieillard (surtout s'il s'agit d'un vieillard ridicule qui veut jouer au jeune homme). || Un vieux roquentin.1 Tous les vieux roquentins que j'ai vus, dans ma vie, avoir tardivement un enfant, adoraient leur progéniture, et ils en étaient comiquement fiers comme d'une action d'éclat.Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le bonheur dans le crime », p. 141.2 Des morceaux de nudités effrayants et grotesques montraient ce monstre : un minotaure dans un roquentin, — le satyre bourgeois.Ed. et J. de Goncourt, Manette Salomon, p. 346.
Encyclopédie Universelle. 2012.